Mais qui est Elvi ?
En 2021, TEDxRennes présentait sa dixième édition sur la scène emblématique du Liberté. et cette année, l’introduction et la conclusion du show ont été confiées à Elvi.
Elvi est slameur, et décline son art sous de multiples formes : des visites guidées, des scènes ouvertes, des ateliers d’écriture, et dernièrement, un premier EP.
Nous sommes allés le rencontrer pour savoir comment il avait préparé sa prestation, et aussi pour qu’il nous en dise un peu plus sur ce qu’est le slam.

Elvi,
Artiste slameur
Bonjour Elvi ! Nous avons eu la chance de te voir introduire et conclure cette dixième édition de TEDxRennes. Tu es artiste slameur à Rennes, peux-tu nous en dire un peu plus sur ton parcours et comment tu es arrivé au slam ?
J’ai fait des études en animation socio-culturelle, puis dans la gestion de projets et le développement de structures sportives à Bordeaux. Plusieurs personnes dans ma promo étaient liées au milieu de la musique et de l’art et m’ont fait découvrir la scène culturelle locale. C’est à cette période que je commence à assister et participer à des soirées slam. J’ai adoré le format “tournoi”, ça faisait écho aux compétitions sportives auxquelles j’étais habitué, surtout du point de vue du dépassement de soi. J’ai représenté la ville de Bordeaux aux Championnats de France de slam, et puis je suis parti un an à Madrid. Là -bas, j’ai découvert des personnes dont la voix et la technique m’ont fasciné.
En revenant à Rennes pour finir mes études, je continue le slam, et je parviens à nouveau à représenter la ville au Championnat de France de Slam. À la fin de mes études, je travaille dans l’animation et le milieu sportif. C’est à ce moment-là que je me rends compte que certaines personnes arrivent à faire du slam leur métier. J’ai donc pu faire ce choix aussi. Aujourd’hui, je rencontre des publics de milieux variés, scolaires, entreprises… J’anime des ateliers slam et des visites guidées de la ville de Rennes, je crée des prestations artistiques…
Est-ce que tu pourrais nous expliquer comment est né ce projet ? Comment t’es-tu retrouvé à monter sur la scène du Liberté ?
À la base, je suis fan du format TEDx que j’ai découvert bien avant d’arriver à Rennes. Certaines vidéos ont vraiment changé mon rapport aux choses, Le lien amoureux de Paul DEWANDRE à TEDx Valenciennes par exemple, sur la communication au sein d’un couple. Ce sont des personnes qui interviennent sur un sujet qu’elles connaissent, et en parlent sans ’exclure, avec la volonté de transmettre.
Faire un TEDx était dans ma wishlist imaginaire, sans réel espoir que ça m’arrive d’être intervenant.
Arrivé à Rennes, une de mes amies faisait partie de l’association organisatrice de TEDxRennes (Bretagne ID Large). Ca m’a donné envie de faire partie de l’association, pour potentiellement apporter une expertise sur la scène, sur la prise de parole des intervenants. Mais pour être coach à TEDxRennes, il faut quand même une certaine expérience des éditions précédentes en tant que membre de l’organisation. J’ai quitté l’association par la suite pour me consacrer à d’autres projets.
Régis Bozec à eu connaissance des visites en slam que je propose, et il a trouvé le projet super et m’a proposé de faire l’introduction TEDxRennes 2021. Le fait de monter sur la scène du Liberté, c’est un peu comme un gosse qui joue au foot et qui rêve de jouer au Stade de France.
En quelques mots, comment t’y es-tu pris pour écrire les portraits des intervenants ?
L’idée était d’écrire des quatrains, c’était plutôt confortable en termes d’écriture. L’objectif était de révéler le sens du talk de chaque intervenant, de manière très concise. Avant d’écrire mon texte, je ne disposais que d’une biographie synthétique par intervenant. Dans ma démarche, je devais poétiser ce que je venais de lire, en gardant un peu de mystère. À la lecture de chaque biographie, je réfléchissais à la couleur qui me venait spontanément en tête, aux mots que cela m’inspirait, aux métaphores et aux jeux de mots possibles.
La plus grosse difficulté à été d’assembler tous les portraits pour introduire TEDxRennes, et d’utiliser l’anaphore sans que ce soit ennuyeux.
Le slam de clôture a rencontré un franc succès auprès des adhérents de l’association et du public, où as-tu puisé ton inspiration ?
À la base, il n’était pas prévu, je ne devais faire que l’introduction. Puis Régis m’a demandé si je serai d’accord pour faire un slam de clôture. J’ai accepté avec plaisir.
J’avais envie de faire un texte de slam comme je l’aurai fait en tournoi, avec une montée en puissance, parce que c’est ça qui me fait vibrer.
Je souhaitais l’articuler autour de deux choses : les faiseurs, ceux sans qui l’événement ne pourrait avoir lieu, et une notion plus globale traduite par le claim de TEDx : des idées qui changent le monde. Ça m’a donné aussi l’occasion de tester de nouvelles choses, de m’amuser avec le rythme.
Il y a toute la partie ou l’idée infuse, avant de passer à l’écriture. J’ai besoin d’être seul, et de verbaliser mes idées à voix haute. J’ai essayé beaucoup d’associations de mots. Une bonne partie du texte est née sur un paddle en Croatie. Je l’ai commencé sur une terrasse à Rennes et terminé sur une terrasse de Vérone.
Pour beaucoup d’entre nous, le slam, c’est Grand Corps Malade ou Abd Al Malik. Il semblerait toutefois que le spectre soit bien plus large. Comment décrirais-tu ce courant artistique ?
Le slam, c’est une discipline artistique qui consiste à écrire un texte qui à pour but de prendre sa plus belle vie à l’oral. C‘en est là ma définition parfaite.
Le slam a été crée dans les années 80 aux USA par Marc Smith, un amoureux de la poésie. Il constate qu’elle souffre parfois d’une image monotone et peut être considérée comme élitiste.
De mon côté, je remarque que ces clichés sont aujourd’hui encore d’actualité dans les ateliers que j’organise.
Pour casser cette image, Marc Smith organise des tournois de poésie soumis à quelques règles :
– tout le monde peut participer en s’inscrivant auprès maitre de cérémonie
– les participants sont au sein même du public (pas de loge),
– pas de musique, pas de décor
– 3 minutes maximum
– Texte écrit et déclamé par soi-même
L’enjeu est de faire une performance, d’incarner ton texte, sans aucun artifice.
Pendant les tournois, on définit un jury issu du public, venu de manière spontanée et on leur demande d’attribuer des notes.
Le slam arrive en France fin des 90’. Il se développe beaucoup en région parisienne, soit sous forme de tournoi, soit sous forme de scène ouverte (sans attribution de note)
Grand Corps Malade découvre la poésie dans ces bars-là, fait ses classes en a capella et à l’opportunité de le faire en musique. Il explique bien qu’il vient du slam, mais pas qu’il en fait encore.
Son style était assez nouveau quand il a percé, et le slam méconnu. Dans l’esprit commun, le slam, c’était donc ça.

Quelles sont tes références ? Tes inspirations ?
Ce qui me plait, ce sont les morceaux qui allient le fond et la forme, la fluidité et le rythme. Le rap est l’espace musical dans lequel je trouve le mieux mon compte vis à vis de ces critères. Le rap est la musique la plus écoutée en France, et il en existe énormément de styles différents. Il y à des artistes incontournables, comme IAM par lesquels je suis rentré dans le rap, et ensuite d’autres comme Nekfeu, Orelsan, Youssoupha, Kery James qui sont très complets à mon sens.
D’autres artistes m’inspirent énormément, je les écoute les yeux grands ouverts : Brel, Edouard Baer pour sa poésie et l’émotion qu’il fait naître quand il parle, pour le voyage que c‘est de le regarder, et Robert Badinter, qui a une personnalité vocale que je trouve époustouflante.
En dehors de la scène, on te sait très impliqué dans la vie locale : visites de Rennes, ateliers d’écriture…Quels sont tes projets actuels ?
Je travaille toujours sur les visites de Rennes qui sont organisées à la demande pour le centre ville ou le musée des Beaux-Arts. J’organise aussi des ateliers d’écriture avec des jeunes, en milieu scolaire, mais aussi en entreprise.
Et puis, il y à l’EP : c’est un projet très perso, que je mène en parallèle des visites et des ateliers. J’ai un vrai besoin de le partager, de le faire découvrir. C’est une vraie nouvelle aventure pour moi, et qui naît d’une envie de faire plus de scène, de sortir un peu du tournoi de slam. Le fait de créer un EP permet d’avoir une proposition plus concrète. C’est mon espace artistique personnel, celui où je m’éclate.
Justement, cet EP, comment est-il né ?
On a passé beaucoup de temps chez soi ces derniers mois, j’ai donc décidé de tester de nouvelles choses. C’est comme ça que Loup Totem à vu le jour. J’ai demandé à des copains d’intervenir sur la musique et de poser leur voix, à d’autres de réaliser une identité visuelle et des photos qui soient en phase avec le projet. Je voulais un résultat harmonieux et de qualité. C’est un projet qui me ressemble et correspond à ce que j’attendais.
Un dernier mot, Elvi ?
Merci à TEDxRennes, c’était une expérience totale, une des plus belles que j’ai vécue au niveau artistique.
Merci Elvi de nous avoir consacré de ton temps, et surtout pour le travail fourni pour ta prestation !